"Promenons-nous dans les Bois..." (Scénario I)

Ce matin, la quasi totalité de l'espace réservé aux contrats "officiels" (lire "Impériaux") était occupé par une affiche austère mais si voyante que vous en apercevez la partie supérieure depuis la porte d'entrée... Par dessus des dizaines de têtes patibulaires. Car déjà de nombreux mercenaires se sont rassemblés dans la pièce et les discussions vont bon train. C'était apparemment le premier contrat d'importance depuis des semaines. Et aussi celui qui promettait la plus grosse prime, sans compter le nombre ridiculement élevé d'avertissements.
Visiblement, la guilde allait payer elle-même les salaires des mercenaires recrutés pour l'occasion. Elle ne semblait pas vouloir se couvrir de ridicule en laissant des débutants se faire massacrer et insistait donc sur la nécessité d'avoir une certaine expérience...
Evidemment, le mercenaire moyen s'en moquait éperdument : il ne voyait que la somme rondelette qu'on faisait miroiter devant ses yeux émerveillés.

Dans le raffut ambiant, qui allait en s'amplifiant alors que vous vous rapprochez en louvoyant entre les soldats, on émettait déjà des hypothèses sur la mission, on raillait les mercenaires concurrents, on complotait allègrement contre son voisin avec l'ennemi d'hier, on essayait de deviner les intensions des Grands de ce monde, on criait, on distribuait des coups de coudes discrets ou des coups de poings vicieux, bref, on se laissait rapidement gagner par l'euphorie générale telle qu'elle s'exprime généralement dans le monde de ceux qui louent leur lame pour vivre.

Tentant de faire abstraction des regards venimeux que vous jettent ceux que vous gênez dans leur lecture, ou d'entendre au dessus du brouhaha général l'un des employés chargés d'informer les plus analphabètes des mercenaires, vous en apprenez bientôt suffisamment pour vous faire une idée sur la nature de ce contrat.

En l'an de grâce 335 du Règne Impérial, l'Impératrice, Immuable Dame de Neven, les dieux la bénissent (ou bien la maudissent, selon les convictions personnelles de chacun... Sachant que les dieux ont surtout tendance à s'en méfier, pour tout vous dire...), a, dans son infinie sagesse, de par la volonté du... Blahblahblah... passons les détails protocolaires habituels pour arriver dans le vif du sujet... Tiens donc... amusant...
Et rentable en plus...

Il semblerait que le don, par l'Impératrice à la Guilde, du terrain où se dresse à présent le bâtiment dans lequel vous vous trouvez était un cadeau empoisonné. Le Bois de Motte, tout proche, se trouve en plein sur les terres de l'organisation mercenaire et une ancienne charte impériale impose aux regroupements d'individus exerçant une activité rémunérée sur le sol de l'Empire de prendre à leur charge la sûreté de leurs locaux dans la limite de leurs moyens. Depuis des décennies le semblant de forêt qui pousse aux portes de Neven constitue un repère avoué de choses ou de gens peu fréquentables. Il semblerait que la Dame de Neven ait décidé de s'en débarrasser une bonne fois pour toute. Et sans payer de sa poche qui plus est. Et voila la Guilde forcée de travailler gratuitement pour l'Empire et de tout payer de sa poche. Enfin, du moment que l'argent arrive dans votre bourse, peut importe son origine, de l'or, c'est toujours de l'or.

La mission est simple. Fouiller la forêt, trouver les nuisibles qui l'infestent (humains ou non) et s'en débarrasser aussi vite et définitivement que possible. Radical, direct, richement récompensé avec un salaire de 300 couronnes par personne, sans compter les primes. Tout commencerait le lendemain à la première heure. Un rassemblement des unités retenues aurait lieu et les derniers détails seraient réglés avant le lancement de l’opération. Evidemment, le matériel était à la charge des mercenaires, comme d’habitude. Pas question pour la guilde de fournir munitions, vivres ou équipement indispensable. Pour un tel salaire, ça risquait de ne pas être du gâteau, s'il fallait en croire les avertissements et témoignages.
On aurait vu des démons dans les bois ! Des choses énormes... Et des créatures malsaines qui se repaissent du coeur des nouveaux nés et des jeunes vierges...
Bien entendu, il existait des gens capables de déclarer y avoir vu les Fléaux au grand complet avec leurs petits cailloux si ça pouvait leur payer une bière à l'auberge du Demi-Pendu... D'autant plus que personne n'allait jamais dans le Bois de Motte....
Ces témoignages trouvaient sans doute plus leur source dans un tonneau que dans une quelconque rencontre surnaturelle.
Et puis 300 couronnes, c'est une belle somme...

Qui ne tente rien n’a rien… Le recueil des candidatures allait bientôt débuter : un scribe passait déjà dans la salle avec son assistant pour repérer les mercenaires intéressés les plus convaincants…


[Concrètement, vous pouvez poster à la suite les réactions de votre personnage face à la proposition de Contrat avant de poser votre candidature dans le bâtiment de la guilde. Vous pouvez bien entendu jouer ce passage en RP avec les différentes personnes présentes. L’aventure elle-même se déroulera dans le forum « Le Bois de Motte » où un topic de démarrage sera créé et organisé par un MJ. Vos questions pourront être posées dans la section administrative Taverne (là où on fait les annonces) dans un sujet spécial dédié à ce premier Scénario. Bon jeu !]

Kurgän s'avançait dans la foule de mercenaire en bousculant tout le monde. Il arriva tant bien que mal devant le scribe et poussa un mercenaire venu s'inscrire. Ce dernier jura en tombant a terre et posa une main sur l'épaule de Kurgän, ce dernier tourna la tête et lui jeta un regard noir :

-rrrr...

Le mercenaire sembla perdre soudainement toute envie de se battre.

-Hey c'est bon ! c'est bon ! passe devant... aller passe devant !

Puis il partit en courant dans la foule de guerrier mal rasés et malodorants.

Le scribe, occupé a marquer les noms des divers candidats s'exclama soudain :

-Héééé dégage tu me fait de l'om... arghh.

-Je vien pour nettoyer le bois... vous pouvez marquer Kurgän. Ou alors Trembleterre. J'espère que ça vaut la peine ! parce que comme on dit chez moi "Quand l'ours ne te mange pas, c'est chez toi"...

Le vieux scribe n'avait rien comprit au charabia du barbare et c'est avec un sourire perplexe qu'il s'écria :

-Hé béh ! si y'en a d'autre comme vous on va être gâtés !

Le vieil homme nota alors le nom du Trembleterre et le fit signer au bas de la feuille avant d'appeller le suivant. Lorsque le Trembleterre sortit de la salle le scribe en profita pour glisser a mi-voix à son collègue :

-j'crois qu'on à un monstre de plus qui va se ballader dans le bois de Motte ! hééé nan mais attend, ce mec m'a foutu la pétoche de ma vie...

Une seconde journée dans la cité de Neven, enfin, une première véritable journée, car il ne faut pas oublier que notre cher protagoniste n’est qu’arrivé hier en soirée. Il avait déjà légèrement connu la vie nocturne à Neven, maintenant il était temps pour lui de prendre sa visite un peu plus au sérieuse. La soirée précédente fut des plus plaisante, alcool, femmes et séduction avait été au menu, mais ce matin, il valait mieux pour lui qu’il cherche un peu de boulot, car après tout les voyages ne sont pas si gratuit. Bien qu’il n’ait pas vraiment de compte à rendre à personne, il doit tout de même payer pour tout ça. De la nourriture pour lui et Jubal, un endroits pour les héberger… des nouveaux fers pour son cheval… la réparation de son épée ou de ses vêtements… en bout de ligne sa lui monte une jolie facture et pour payer tout ça il doit avoir des contrats. Pas de contrat, pas d’or. Pas d’or, pas de voyages. Alors quand on y pense bien, la vie entière de Constantin repose sur les contrats, car notre mercenaire étant un nomade n’a aucune demeure fixe et sa petite vie de mercenaire solitaire lui plaît bien.

Sur le dos de Jubal, cette fois-ci la tête découverte en cette charmante matinée, Constantin traversait candidement la cité tout en saluant au passage les jolies demoiselles. Ses sombres prunelles et son regard charmeur faisaient des ravages dans les rues de Neven, enfin des ravages, façon de parler bien entendu… quoi que certains hommes ne semblent déjà pas l’apprécier. Bref, ce n’est pas comme si c’était la toute première fois. Il n’était pas rare que notre tombeur charme les dames des autres, se qui parfois lui créer quelques ennui. Trop souvent un époux ivre venait le voir dans une taverne pour lui foutre une baffe, mais bon, agile et intelligent, notre cher mercenaire s’en est toujours sorti et souvent sans même besoin d’être légèrement violent. Ce n’est pas parce que notre cher Constantin est un mercenaire qu’il est nécessairement une bête assoiffée de sang et de combat. Bien au contraire, si il peut éviter de ce battre, il est heureux, car pour lui la violence est loin d’être la solution à tout. Elle est pour lui le dernier recourt au cas où que rien d’autre de plus diplomate ou astucieux ne fonctionne.

Jubla trottait lentement, alors que Constantin observait les alentours, toujours à la recherche de l’endroit idéal pour dénicher un contrat. Cela faisait déjà une bonne heure que se dernier se baladait et rien avait su attirer son attention… rien autre que les jolies déesses de Neven, mais cela est une toute autre histoire! À croire que cette légendaire cité n’avait rien pour lui, ce qui est selon lui impossible, car après tout il est dans l’une des plus grande ville du continent. Il est donc pour lui évident qu’à un moment ou à un autre il allait tomber sur un contrat. C’est alors qu’une foule attira son attention. Un tas de gens entasser pour entrer dans une bâtisse, c’est le genre de chose qui se remarque non? Qu’est-ce qui pouvait bien se passer pour qu’une si grande foule s’y trouve. Est-ce qu’il s’agissait d’une célébrité locale faisant une apparence publique ou un truc du genre? Enfin, la seule et unique façon de le savoir c’est de s’en approcher.
Voyant le nombre d’homme armées, sans doute des mercenaires, Constantin se dit qu’il s’agissait peut-être de quelque chose qui pourrait l’intéresser lui aussi. Une fois un peu plus près, il était évident qu’il ne pouvait pas entrer avec Jubal, alors il attela se dernier tout près. La bête ne semblait pas vouloir demeurer près d’une bande de mercenaire pour la plupart des idiots jouant aux dur ou bien des bêtes assoiffées d’or et de sang, cependant elle n’avait pas exactement le choix De plus ce n’est pas comme si notre tomber était bien loin, si quelque chose venait à arriver, en moins de temps qu’il faut pour dire au revoir, il serait sans doute déjà près de sa monture. Toute fois, afin de calmer un peu l’entier, Constantin le caressa légèrement avant de lui murmure doucement quelques mots à l’oreilles en Lespuréen. Le fait qu’il parle uniquement en Lespuréen à sa monture fait d’elle une bête difficile à approcher par les autres, car rares sont les gens qui parlent le Lespuréen à Neven, voire en dehors de la république.

Il se faufila alors candidement dans la foule, tachant de ne pas se retrouver entre deux grosses brutes épaisses qui le pourrait le voir comme étant de la compétition… quoi qu’il est rare que Constantin est pris au sérieux par les mercenaires plus gros et plus fort physiquement que lui… c’est sans doute le faits qu’ils possèdent plus de muscle que de matière grise. Enfin il n’avait pas exactement la tête à fonder des théories sur le sujet. L’ombre écarlate passa alors entre les hommes afin de voir de quoi il s’agissait. C’est alors qu’un scribe est venu à lui, lui demandant si il était intéressé. Il aurait bien dit oui, mais il ignorait de quoi il s’agissait. Se dernier lui expliqua sans vraiment donner trop de détails, mais suffisamment pour intéresser un peu notre mercenaire. Il songea donc à l’offre, elle était certes intéressante d’un point de vue monétaire, mais elle n’était pas sans risque. Après un moment de réflexion, Constantin donna son nom, car après tout la vie ne vaut pas la peine d’être vécu sans risque. De toute façon, il n’avait pas grand choix, c’était ça ou rien du tout.

Dès que les instructions pour le reste de la journée furent données, Clay et quelques soldats enfourchèrent leurs chevaux et prirent le chemin qui menait à la guilde des mercenaires. Se faire accompagner n’était pas une question de crainte mais plutôt de sécurité. Toute la vermine du premier cercle haïssait le lieutenant pour ses incursions quotidiennes. Aussi, traverser les quartiers miteux seul serait vraiment suicidaire. De plus, qui veillerait sur Neven ? Mais surtout, qui veillerait sur sa fille ? L’empire la protégeait, certes, mais il ne garantissait pas qu’après sa mort, on n’oublie pas Ophélia.
Clay voyait tous les jours la misère du peuple. Mais depuis quelques années il ne ressentait rien. Des pauvres enfants dystrophiques qui mendiaient étaient pour lui un cas tout à fait banal…Passons la description de la misère et intéressons-nous à son arrivée devant la guilde.
Au début, personne ne les avait remarqués. Tous ces « bâtards sans scrupules » (comme les traitait Clay) jubilaient à l’idée de recevoir tant d’argent pour une mission qui leur paraissait trop simple. Mais bon, on ne pouvait pas leur en vouloir, quand il était question d’argent, il n’existait plus rien d’autre pour eux. Ils étaient faits ainsi. Pauvres d’eux…
C’est avec ces pensées de pitié qu’un des soldats ramena Clay sur terre.

"-San…euh …Lieutenant ?
-Patientez ici, je ferai vite."

Il sauta du cheval et s’enfonça dans la foule incognito. Il reçut maints coups de coudes dans les côtes mais rien de grave ; il avait son armure. Lorsqu’il fut devant le scribe, il toussota bruyamment pour couvrir le brouhaha. Il leva la tête et l’air dédaigneux, il haussa un sourcil. Comme à son habitude, Clay para avec sa voix traînante mais surtout calme et légère.

-Oooh, vous n’êtes sans doute pas au courant, je ne vous blâme aaaabsolument pas, mais je suis le lieutenant de Neven. Clay More. Il semble que j’aie besoin de discuter avec vos… « supérieurs »…qui sont des gens, ma foi, trèèès sympathiques. Pourriez-vous me guider vers eux ? Ou me faire guider par quelqu’un d’autre, car vous semblez…holala ce que vous semblez occupez mon cher ami avec toutes ces inscriptions !!!


Il était assez difficile de discerner l’hypocrisie sagement dissimulée dans sa voix et surtout dans ses mimiques. Si seulement il savait à quel point il le blâmait de ne pas l’avoir reconnu, à quel point ses supérieurs étaient stupides et à quel point….

La nouvelle d'un nouveau contrat arriva rapidement aux oreilles de tous les mercenaires en garnison dans cette ville. C'est vrai que tout était fait pour que les informations circulent vite, mais à ce point là. Ruendor n'en aurait jamais cru les racontars avant de le vivre par lui même, c'était ainsi le plus souvent qu'il lui arrivait de découvrir monts et merveilles au sujet de cette cité et de son territoire. Devant la porte de la guilde des mercenaires, Trois-yeux, le géant d'Automne se laissa aller à un sourire sans joie aucune. Il était juste content de pouvoir avoir une opportunité de se dégourdir les pattes et de passer d'une situation d'entraînement à une situation de mission. Bref, il comptait bien voir son nom être inscrit sur la liste tout second qu'il fut. Revenir avec un tel contrat remporté était une bonne réputation plus que certaine pour la compagnie. D'autant plus si l'on se rendait compte que même son état-major était prêt à se mouiller dans le feu de l'action.

De sa large main il poussa la porte dont le grincement était couvert par le brouhaha caractéristique de n'importe quelle salle emplie de soldats. Trois-yeux dépassait tout le monde assez aisément et ne manqua pas de remarquer une guerrier du Rêve qui semblait être ... aussi perché que lui-même pourrait-on dire en des termes peu flatteurs. Un doute le tiraillait cependant ... se mettre à l'avant ou l'arrière de la file d'attente. Il trancha en prenant la place d'un de ses subalternes dans la file. Etrangement, aucune véhémence de part les autres mercenaires, certains devaient avoir fait passer le mot que Trois Yeux d'Automne voulait remplir cette mission. Avec un soupir géné il laissa le temps passer.

Enfin, il ne manquait plus qu'une personne avant lui et .. enfin il arrivait pour s'inscrire. Etre mercenaire indépendant devait certainement comporter de fortes primes mais aussi une foule de problèmes annexes comme le géant s'en rendait compte peu à peu. Posant ses larges mains sur la table qui plia légèrement sous son poids rehaussé de celui de son armure de plates Ulmèdane, il dit simplement, ses yeux rougeoyants sondant le recruteur.

- Trois Yeux d'Automne, pour le bois de Motte.

Il y avait foule. Une bande de mercenaires tous aussi sale et crottés les uns que les autres. Tant mieux, avec un peu de chance, elle passerait inaperçue, sinon, il n'était pas étrange de voir une femme se fondre dans la masse des hommes combattants. Evidement, il n'était pas rare qu'elle soit prise pour une putain, pourtant, ses vetements ne laissait rien paraître de sa condition. Sa longue cape cachait sans mal son habit de cuir sombre, ainsi que les lames qui dormaient au creux de ses reins. Ses longs cheveux étaient nattés en une tresse très serrée et un bandeau retenait les quelques mèches qui risquaient de s'échapper sur son front.

Elle ne fut pas longue a répérer la haute stature de Trois yeux. Ruendor...Un très fin sourire ourla ses lèvres pleines tandis qu'une idée germait dans son esprit. Lors d'une battue, les accidents faisaient légion n'est ce pas ? Cela dit, elle oublia vite cette pensée, ce serait mettre la Tribu en danger. Docilement, elle se faufila dans la file d'attente et lorsque son tour arriva, elle dit d'une voix très douce.

-Lys Noir, bois de Motte.

Son rang, sa tribu, elle ne dit rien de cela. Pour tous, le Lys Noir était une légende, un mythe, beaucoup se gaussait et riait a l'idée qu'une femme puisse avoir une telle réputation, mais elle s'en moquait bien. Une fois son surnom écrit, elle se détourna, fouettant l'air de sa tresse et alla se reculer dans l'ombre. Refuge pour l'assassin qu'elle était.

C'est alors que la porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître la silhouette altière d'un homme dans la fleur de l'âge, se découpant dans la lueur du soleil matinal. Prenant une grande inspiration, il laissa échapper un soupir plein de joie et de santé, et avança fièrement le pied...avant de rater la marche de peu, manquant d'un chouia de tomber tête la première dans la poussière.

Le fier aventurier reprit tant bien que mal son équilibre, et un sourire aussi gêné que blanc vint orner son visage aux traits francs. Passant une main dans sa chevelure toute aussi blanche, il se gratta le crâne d'un air gêné, et observa la cantonnade...son sourire s'effaça peu à peu pour laisser place à l'expression d'un homme qui se voyait forcé à la détermination.

Face à tous ces mercenaires, tous plus patibulaires, féroces et...odoriférants les uns que les autres, Finn se vit bien obligé de puiser dans ses réserves de courage. En arrivant à Neven, tandis qu'il était occupé à s'extasier devant l'ampleur et la majesté de la capitale, il avait également trouvé le temps de se dire que les choses sérieuses allaient commencer, et que les dangers qui l'attendaient étaient très différents des missions à la petite semaine qu'il avait remplies jusqu'à présent.

L'affiche le lui confirma, et pendant un instant il songea à renoncer, et à commencer par quelque chose de plus facile, comme par exemple videur dans une auberge, ou encore chasseur de rats dans les bas quartiers...après tout, de tels défis, de tels dangers, aussi mystérieux étaient sûrement hors de sa portée, ils étaient faits pour de guerriers avec plus d'expérience, de vrais héros, comme ceux présents ici...non ?

Non. Pas de héros dans cette pièce. A part lui, si toutefois il s'en montrait digne.

Il avala sa salive aussi discrètement que possible, et en profita pour ravaler sa nervosité avec. Lorsqu'il s'avança entre les mercenaires, sa nonchalance et sa paresse habituelles avaient disparu sans laisser de trace ; mais elles n'étaient pas remplacées par de la peur ou même de la prudence. S'assurant en ses convictions, le jeune homme marcha avec fermeté et sûreté, relevant le défi avec tout le panache dont il était capable.

Finn Val Macnia, au Bois de Motte.

Pour lui, qui il y a moins d'un mois était encore un simple roturier, l'exploit était d'importance. Pour les autres mercenaires...c'était à eux d'en juger.

Derrière Finn était entré un autre homme qui aurait pu passer complètement inaperçu après l’entrée ratée du jeune mercenaire s’il n’avait pas une allure assez hors du commun par rapport aux autres hommes d’armes dans la salle. Son air presque princier et ses vêtements qui valaient sûrement plus que ne pourraient jamais en dépenser certaines des personnes présentes attiraient déjà l’œil, mais l’odorat aussi était titillé par un doux parfum qui semblait sonner comme une fausse note au milieu de cette cacophonie d’odeurs plus fortes les unes que les autres.

Beaucoup se contentèrent de le jauger, tandis que d’autres tentaient de le provoquer du regard. Peine perdue, lui n’avait d’yeux que pour son compagnon, étudiant semble-t-il ses réactions dans ce lieu qui était tout nouveau pour eux deux. Il ne regarda que superficiellement l’affiche, non par excès de confiance en lui, mais parce qu’il avait d’autres choses en tête. Il était intrigué par les réactions de son jeune ami. Il semblait douter, mais il se reprit rapidement et fit la queue pour s’inscrire. William le suivit sans un mot, puis quand ce fut son tour, il prit la parole pour la première fois.

« Bien le bonjour messieurs. Je voudrais m’inscrire pour le Bois de Motte. William Lockhart. Je suis indépendant. »

Il se tourna ensuite vers son camarade et lui sourit chaleureusement malgré lui.

La porte claqua à nouveau, un corbeau entra dans la pièce. Enfin non, ce n'était pas vraiment un corbeau mais un homme tout de noir vêtu. Pour Asaliah, cette tenue n'était pas habituelle : il privilégiait le blanc d'habitude. Aujourd'hui, seuls ses fourreaux étaient immaculés. Mais cette fois, il ne venait pas pour parader, ni pour courtiser quelques femmes de basse extraction mais bien pour combattre. Lui aussi avait entendu parler de ce fameux contrat. On le lui avait décrit en ces termes : bien payé, simple et risqué. Risqué. C'était surtout ce mot qui l'avait incité à se rendre dans le bâtiment de la Guilde des Mercenaires pour se rendre compte par lui-même de ces rumeurs qu'il entendait.

Beaucoup de monde était déjà présent, que ce soit pour cette mission ou pour les autres. Il n'observa personne, concentré sur la file qui attendait devant le bureau du scribe. Pour éviter de patienter, il utilisa son Aura. Utilisant une démarche aérienne, il passa devant tous ceux qui souhaitaient s'inscrire et se ficha devant le scribe, un sourire carnassier aux lèvres. Ceux qu'il avait doublés n'osèrent rien dire, vu son pas et son regard déterminé. Ils connaissaient également sa réputation : ils avaient remarqué les fourreaux de ses armes. Ils savaient qu'il était l'Améthyste, et qu'il pouvait les occire sur le champ, sans même qu'ils aient le temps de sortir leurs armes.

Le fonctionnaire leva les yeux vers le Premier Danseur et se mit à écrire de façon frénétique sur une feuille portant l'inscription "Bois de Motte" : Asaliah, Tactica du Rêve d'Ardankellyon.

Satisfait, Asaliah regarda enfin autour de lui pour détailler les mercenaires qui se trouvaient là. Il n'en connaissait pas la moitié du quart d'entre eux mais certains visages lui revinrent en mémoire. Faisant un signe de tête à l'adresse de certains d'entre eux, il se dirigea vers un coin de la pièce et s'adossa au mur, ruminant les détails de ce contrat.

Il venait d'arriver en ville, enfin à La Ville selon les dires des différentes personnes qu'il avait pu croiser. Personellement, Wilbur trouvait que cet endroit empestait plus que tout. On pouvait y sentir la corruption, le fiel, la vilainie et la lâcheté. Cette ville avait l'odeur de toute la déchéance de ces pauvres humains.

Mais il y était, dans cette ville, il ne saurait dire pourquoi. Mais si ses pas l'avaient conduis jusqu'ici, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Alors au lieu de pester contre cet endroit Wilbur décida de s'intéresser à ce qui s'y passait.

Premièrement il ne passait pas... non il ne pouvait pas passer inapperçu, car en étant moitié plus grand que le commun des mortels il ne pouvait que se faire remarquer. La foule s'écartait sur le passage du géant, beaucoup d'entre eux avaient peur ça se sentait.

-Oh mais c'est un grand garçon que voilà?

Une voix un peu chevrautante venait d'attirer l'attention du géant. Elle provenait d'un vieil homme qui était assis sur un petit banc au bord de la route. Wilbur se tourna et salut le vieillard.

-Oh je sais ce que tu cherches toi fiston. Approche toi un peu.

Wilbur obtempéra, mais du se baisser pour passer la tête en dessous du porche qui servait d'abris à l'ancien. Le vieillard pointa du doigt un grand bâtiment.

-Tu vois ces grands messieurs à la mine pathibulaire mais presque, ainsi que ces charmante jeunes femmes? Et bien ce sont des mercenaires, ces personnes sont engagées contre de l'argent pour faire des choses. Et il parait que aujourd'hui la chose est très important. Et qu'il y aurait même une histoire de démon. Hé héhéhéhé!

La remarque de l'homme n'était pas innocente, Wilbur était certain qu'il n'aurait pas tourné ça phrase comme ça pour quelqu'un d'autre. Respecte toujours les Anciens, voilà une phrase que lui répétait souvent Chiron. Aussi le druide remercia l'homme et partit en direction du bâtiment.

Etrangement même la foule locale n'était pas un problème, ces fameux mercenaires s'écartaient quand même devant Wilbur. Par contre la porte ce fut une autre paire de manche, et il dut se plier en deux pour pouvoir passer et rentrer dans le bâtiment. Et même à l'intérieur ça n'était pas évident, il devait se baisser pour pouvoir évoluer tellement le plafond était bas, tout juste sept pieds de haut.

Il prit son temps pour lire l'annonce, intéressant, très intéressant. Et puis il s'agissait de débarasser un bois de ce qui n'avait rien à y faire, celà il approuvait, combien de fois avait-il chassé des mécréants qui s'étaient installés dans une forêt et qui saccageaient tout aux alentours. Et aussi cette histoire de "démon" l'intrigait. C'était décidé. Il s'avança vers le scribe le plus proche, et ce dernier semblait vouloir se faire de plus en plus petit derrière son écritoire tandis que des gouttes de sueurs perlaient de son front.

-Inscrivez Wilbur Sageauroch.

La voix était grave, calme et un peu rocailleuse, et aussi assez sourde. On avait l'impression que la maison s'était mise à parler.