Une journée différente des autres...

Tempest se retournait de l'ivrogne, quand une main se saisit de la sienne avec une rapidité qu'il laissait présager que la personne qui venait de la saisir n'était pas en état d'ébriété et la douceur de la poigne, c'était une femme. Tempest se retourna et détailla celle qui venait donc de lui saisir la main. Peau halée, silhouette de guerrière. A vue de nez mercenaire, c'était assez interressant. Mais déjà celle-ci semblait la tirer de toute ses forces.

*Par l'enfer... Armez le Cabestan, ramenez la grande voile, la tempête se lêve...*

Le Capitaine Swarn ne se laissa pas emmener de si bon vent, au gré de la tempête qui grondait. Elle pensait même décocher un autre coup. Cependant la tempête lui parla, l'avertissant de l'ouragan à venir derrière elle. La jeune femme regarda donc vers la porte pour voir les troupes impériales se masser à l'extérieur. Conclusion : Il vallait effectivement mieux sortir avant que la garde n'entre et ne fasse plus de dégat que la baggarre elle même n'en avait causé. Toutefoi, elle ne bougerait pas tant que l'autre lui tiendrait la main.

- "Lâche moi matelot... Je suis la seule maîtresse à bord après les dieux !"

Disant cela, elle arracha sa main à l'étreinte d'Aldébarane, et passa devant elle comme si de rien n'était se dirigeant d'un pas calme vers l'arrière du bar.

- " M'est avis chère ombre... Que les requins ont déjà bien assez à faire avec toutes les sardines présentes que de s'occuper de nous..." Dit-elle de sa belle voix douce en désignant la foule de poivrot d'un geste dédaigneux.

Pour être déjà venue par ici. Tempest savait qu'il y avait une petite fenêtre dans la remise donnant dans l'arrière du bar. Sans attendre que son inattendue interlocutrice la suive, elle ouvrit la porte. La fenêtre était petite mais sa taille de jeune fille et son aglité lui permettraient de passer sans trop de problèmes. La porte de derrière qui était en fait sur une autre face de la maison était déjà surement cernée de gardes. C'était triste à dire pour l'établissement, mais les bagarres y étaient tellement fréquentes, qu'avec le temps les gardes avaient acquis une certaines expériences de ce genre de situation et savait qu'il y avait toujours des resquilleurs à la prison qui fuyaient par derrière...

L'Assassin haussa un sourcil narquois lorsque sa retraite fut arrêtée par la voix de la jeune femme. Jolie voix cela dit en passant, mais les mots faillirent la faire exploser de rire. Matelos ? Elle tourna son regard sombre sur la... »Capitaine », un regard moqueur cela dit et sans rien dire tandis que l'autre se défaisait de son étreinte. Quelle fierté ! Aldébarane appréciait cela, même si le ton employé lui déplaisait fortement. Mais elle n'y répondait pas, a part un haussement d'épaule totalement indifférent. De toute manière, elle n'était pas là pour se faire des amis et certainement pas des Capitaine pensant la terre ferme comme un navire.

La Capitaine lui passa devant le nez en faisant une reflexion judicieuse et le Second eut un léger sourire ironique. Tiens donc, la Capitaine avait l'habitude de se retrouver embarquée dans ce genre de rixe ? Finalement, l'Assassin la lui suivit, silencieuse comme un félin, une ombre qui se déplace. Les Lames Grises ne tarderaient pas à envahir l'endroit.

-Certes, mais les requins aiment aussi les proies plus...grasses. Or nous en sommes de parfait exemple.

Répliqua-t-elle lorsque Tempest lui expliqua que les gardes seraient plus occupée par les poivrots...Ou par le Trembleterre qui tapait toujours à l'aveuglette. Le Rêve allait avoir quelques problèmes mais hors de question que la Tribu soit impliquée dans ce genre de problèmes. C'était très mauvais pour les affaires. Arrivée devant la trappe que venait d'empreinter la Capitaine, Aldébarane la regarda passer tout en surveillant leurs arrières. Cela dit, personne ne sembla faire attention à elles et tant mieux. A son tour, elle se glissa avec souplesse par l'ouverture et atterit sans bruit dans une ruelle particulièrement sordide. L'Assassin plissa le nez devant la puanteur ambiante et rabattit sa capuche sur son visage.

-La peste soit des hommes et leur sauvagerie.

Maugréa-t-elle en songeant a Kurgan. Au moins le Danseur avait fait preuve de subtilité lui.

[MJ : C]

Ces derniers temps, les bagarres dans les tavernes et les bars de Neven étaient fréquentes. Elles conduisaient rarement à plus que quelques nez et os cassés, niveau humain (car personne n'utilisait vraiment d'arme : trop dangereux pour tout le monde), mais produisaient une quantité surprenante de bois de chauffage pour le plus grand bonheur des classes populaires et au grand désespoir des patrons qui voyaient leurs bénéfices fondre comme neige au soleil.
Tout cela résultait de deux facteurs : les circonstances (guerre, Lune d'Ombre, démons, situation tendue à l'est et au sud, désastre d'Hesparion, disparition de la Première Lame....) d'une part, les mercenaires de l'autre.
Ajoutez quelques centaines, voire même quelques milliers de mercenaires désoeuvrés dans une ville, même Neven, et très vite les esprits s'échauffent... Et c'est exactement ce qui arrivait une nouvelle fois sous le regard blasé des officiers des Sang Gris. Réduits à assurer la garde en ville et à arrêter chapardeurs et charlatans faute d'adversaires plus impressionnants, les soldats s'ennuyaient ferme. Guerriers de profession, élite de l'infanterie moyenne polyvalente, ils troquaient pour l'heure leurs épées courtes contre des gourdins et les ennemis de l'Empire contre des poivrots édentés. Autant dire que les dents grinçaient.

Quand la bagarre de l'auberge du Diable Cornu s'était déclanchée, ce ne fut une surprise que pour ses clients les plus imbibés (ceux qui ne se rappelaient pas du pugilat de la matinée, régulier comme une horloge Bleurosoise, tous les jours aux alentours de la troisième Octe). La Garde, elle, attendait dans les parages l'édition du soir. A vrai dire, tout le monde, sauf l'aubergiste, aurait été déçu si rien ne s'était produit.
Lorsque les premiers bruits de combat s'étaient faits entendre, l'officier avait poussé un soupir tandis que ses soldats reprenaient progressivement vie. Il avait ensuite ordonné d'attendre quelques minutes. Autant ramasser les fauteurs de troubles comme on va aux champignons que de devoir les attendrir un peu avant de les embarquer.
Quand les Sang Gris bougèrent enfin, après s'être assurés que les habitants du coin disposeraient de suffisamment de petit bois, ils se dirigèrent d'un pas assuré vers les diverses positions prédéfinies qu'ils s'étaient assignés. La procédure était au point : l'escouade couvrait tous les accès les yeux fermés après trois mois de cette routine.

Deux soldats pour garder l'entrée principale (personne n'essayait jamais de sortir par là, amusant...), quatre à la porte de derrière, quatre près de cette petite fenêtre si pratique qui donne sur la ruelle d'à-côté, quatre sur les toits et le reste pour ramasser les morceaux à l'intérieur ou patrouiller aux alentours....

Alors que les bruits provenant de la salle principale indiquaient l’entrée des Gris, vous prenez pied dans la ruelle. Elle semble déserte jusqu’au moment ou vos yeux distinguent dans la présence de quatre silhouettes dans l’ombre : visiblement ils restaient hors de vue et attendaient de savoir combien de petits malins avaient assez de poids sur la conscience pour tenter la lucarne.
Ayant trouvé une réponse à cette question, ils se mettent en mouvement comme les vrais professionnels qu’ils sont. L’un d’eux couvre la ruelle de son arbalète, un second soldat pointe la sienne dans votre direction. Les deux autres gardent leurs yeux fixés sur vous, leurs sens sont aux aguets et leurs mains reposent sur la poignée de leur arme. Leurs mouvements sont calmes et assurés, toujours en équilibre, toujours sur le qui-vive : il s’agit d’une tâche ingrate mais les Sang-Gris ont une réputation à tenir. L’un d’eux vous adresse la parole depuis sa position.
« Au nom de l’Empire, déposez vos armes et identifiez-vous, ceci est une simple vérification d’identité. Vos possessions vous seront rendues si votre innocence est établie. Si vous êtes des victimes des troubles occasionnés dans cet établissement, vous êtes invités à coopérer… »

Il ne dit pas ce qu’ils réservent aux instigateurs de la bagarre, par contre. Sa voix est légèrement lasse et le discours est, c’est évident, une formule traditionnelle qu’il doit avoir répété plus de fois qu’il n’est humainement imaginable au cours des dernières semaines.
Visiblement, ils attendent une réaction amicale et calme de votre part, mais sont près à toutes les éventualités.

Tempest s'était faufillée par la lucarne suivit de près par Aldébarane. Le sol de la rue était humide, il venait de pleuvoir. Se redressant sur ses deux pieds, Tempest fit craquer son coup et rajusta son manteau, avant de replacer son tricorne qu'elle avait du enlever pour passer. Ses cheveux revinrent naturellement en place sans qu'elle ait besoin de les ajuster. Elle avait eu plus de mal à passer que la dernière fois... Avaient t'elle grossit un peu ?
Alors qu'Aldébarane se mettait à philosopher, les gardes firent leur apparition. Ils progressaient, se dit Tempest, la lucarne était si étroite que seules des jeunes filles comme elles auraient pu passer. Mais les gardes étaient tout de même venus. Deux conclusions posisbles : soit leur capitaine était un homme conscieux et voulait que personne ne s'échappe, soit ils voulaient s'envoyer en l'air. Ils étaient à bonne distance et l'obscurité ambiante flouait partiellement les données, cependant ils étaient armés d'arbalètes et n'hésiteraient pas à faire feu. Tempest considéra un instant la possibilité de les tuer à l'aide des nombreuses dagues qu'elle cachait dans ses vêtements. Ils étaient quatre : Une flèche pourrait l'atteindre.

*Mauvais calcul...* pensa t'elle.

Ce bouffon de sergent qui semblait commander leur petite troupe les exhortait à déposer les armes, ce que le tout puissant orgueil de capitaine ne permettait pas. La ruelle derrière elle semblait être déserte mais il avait trop de risque. Aussi à défaut de pouvoir détruire le mur, ou de le contourner, il fallait l'étaler au sol.
Tout ne fit qu'un tour dans la tête de la pirate. Et elle adopta la couverture qu'elle avait prévu pour se genre de situation. Sa voix belle mais teintée de colère s'éleva dans la ruelle.

[Ulmèdan] - "Jamais une Van Blackhander ne se rend si ce n'est à la mort et l'arme à la main." s'écria t'elle.

Elle posa une main sur la poigné de son sabre, imitant l'attitude des nobles maisons Ulmèdan, et de l'autre plongea dans son décolté et en sortit un parchemin portant deux sceaux : Celui de l'Impératrice et l'autre d'un noble Ulmèdan, que les soldats connaîtrait sans doute de nom.

[Nevan]- "Je suis le Commandant Sabine Van Blackhander, nièce du Duc Vincent Van Blackhander du glorieux Empire Ulmedan. J'appartiens à la mission diplomatique, venue au château en début de semaine à la première Octe. Je discutais ici de produit commerciaux d'exportation Ulmèdan quand la bagarre à éclaté, aussi ai-je cherché avec ma suivante le moyen le plus rapide de sortir de ce sombre endroit pour la conscience de l'homme."

Elle jetta un regard en coin à Aldebarane, lui demandant par le fait de ne pas les trahir. L'histoire était grosse. Cependant il y avait effectivement une mission diplomatique Ulmédan au chateau. En outre, il était vrai qu'elle ressemblait étrangement au Duc... Il y avait tant de prestance et de sincérité dans cette belle jeune femme brandissant l'acte comme l'ultime bouclier imparable et indestructible, que c'en était à faire chariver l'esprit le plus méchanique.
La vérité c'est que le papier était un faux, mais portant les vrais sceaux, ce qui en faisait un faux de très bonne qualité. De plus, en dépit du faux grade et du faux nom, Tempest était vétablement la nièce du duc, celui-ci étant le frère de feu Venrack son frère cadet. il se débrouillait pour le réserver des couvertures dans les nombreuses missions diplomatiques qu'il envoyait, pour négocier avec l'Empire Nevan. L'Oncle de Tempest étant en effet un homme jugeant un individu à sa puissance. Il traitait volontier avec ceux qui pouvaient offrir sans pour autant les apprécier. En raison de la situation tendue entre les deux Empires, commercer avec un homme de l'ervergure du Duc n'était pas à négliger.

[Nevan]- "Sergent, faites abaisser vos armes." ordonna t'elle en tant que supérieur millitaire. "Nous ne sommes pas ici pour chercher la rixe et ni pour vous empêcher de faire votre travail..." rajouta t'elle d'un ton plus doux en lachant la main de son épée.

Une telle lettre si elle avait été vraie empêchait toute action offensive d'un côté comme de l'autre. Si les gardes cherchaient des ennuis, ils auraient de forts gros problèmes. Il y avait bien moins de risques pour eux à les laisser aller.

*La seule chose que je n'ai pas prévu, c'est qu'ils nous invitent fièrement à admirer leurs techniques d'interventions.* ria intérieurement la pirate.

[Edit : Jet de dés pour le Charisme.]

Aldébarane était occupée à remettre les plis de sa cape en place lorsqu'une voix de stentor la figea sur place. Tournant les yeux, elle distingua dans la pénombre quatre hommes de la garde. Elle jura silencieusement. Comment avaient ils put penser à cette petite lucarne ? Devriendraient ils intelligent ? Par reflexe, elle s'enfonça dans les ténèbres que créait la nuit tombante. Déposer les armes ? Un rire silencieux secoua ses épaules. Faudrait il qu'elle en ai ! Enfin, elle en possédait, mais elles étaient habilement dissimulées dans les plis de sa tenue. Un instant, elle faillit foncer dans le tas mais se retint, mieux valait privilégier la ruse...Ce que fit la Capitaine. L'Assassin ouvrit de grands yeux en l'entendant s'exprimer dans sa langue natale mais son air surpris disparut très vite en comprenant la teneur des paroles prononcées sur un ton outragée. Pour un peu, elle aurait applaudit. Finalement, elle sortit de l'ombre pour se poster derrière sa...Elle faillit s'étrangler... »Dame » ?!! Réprimant le mouvement d'humeur qu'elle s'apprêtait à laisser échapper, elle se fendit d'un air inquiet, de celui qu'arbore une suivante terrifiée par la menace planant sur sa « dame ». Allez, elle pouvait bien faire un effort non ? De toute manière, l'arrogance ne les sortirait pas là. Secrètement, elle admira l'aplombs dont faisait preuve la Capitaine et se demanda d'où venait le faux qu'elle brandissait comme un rempart. Car elle ne doutait pas que ce le fut. Tempest était aussi noble Uldamienne qu'elle un Kraken ! D'autant plus qu'elle connaissait cette famille pour les avoir fréquenté dans sa jeunesse...Elle garda le silence, laissant la parole à sa sois disante « Dame », affectant toujours un air des plus perdu.

[MJ : C]


La réponse, en ulmédan, de Tempest prit les soldats par surprise. Ils n’en restaient pas moins prêts à en découdre au cas où… Voir la main de la jeune femme si proche de la poignée de son arme eut pour principal effet de les pousser à raffermir leur prise sur celle de leurs épées. Leur chef tressaillit à peine lorsque la capitaine produisit son document officiel, visiblement un sauf conduit diplomatique. Ce ne fut pas le cas du soldat à ses côtés.

"Merde, des saletés de nobles, Lieutenant Garrot, ils… "
_Silence Regrets.
_Mais lieutenant…
_Silence ! J’ai dit.

Les regards des soldats ne quittaient pas les deux jeunes femmes. La tension était montée d’un cran : personne ne savait ce que ces dégénérés du sud pouvaient bien inventer ni quel genre d’actes stupides leur condition de nobles pouvait engendrer. Le lieutenant avait d’ailleurs toujours considéré les nobles comme seulement marginalement humains, il s’agissait pour lui plutôt d’une race de mule particulièrement rétive et malheureusement douée de la parole. Il fronça les sourcils. A ses côtés, son caporal roulait des yeux inquiets. Les deux arbalétriers ne semblaient pas concernés, à voir leurs visages impassibles.
En tout cas il était évident que l’énumération de titres et de noms prestigieux n’éclairait pas leur lanterne : le Nevan moyen regardait ce genre de chose avec un désintérêt soigneusement étudié et en était fier.
Les explications données furent reçues avec scepticisme. Le Lieutenant porta une main à son menton qu’il frotta pensivement. L’autre main restait obstinément posée sur son arme, son noir regard perçant braqué sur ses interlocutrices.

"Une noble… Discutant d’accords commerciaux avec des ivrognes au Diable Cornu… avec une dame de compagnie habillée de cuir moulant ?"
Dit-il comme pour lui-même, mais encore assez fort pour que vous puissiez l’entendre, l’air presque amusé, avant de poursuivre plus fort :
"Dites-moi, votre noblesse vous empêche de déposer les armes mais pas de sortir en voleuse par une lucarne, c’est bien ça ?"

Il leva la main pour empêcher toute réponse, sachant très bien que rien de bon ne pouvait sortir de ce genre d’échange stérile. La situation était complexe. S’il laissait partir ces deux là, il aurait brisé le règlement qui interdisait les exceptions lors des vérifications d’identité et ce ne serait rien comparé à ce qui arriverait si il s’avérait que ces deux jeunes femmes n’étaient pas ce qu’elles prétendaient. D’un autre côté, elles ne semblaient pas prêtes à coopérer… Pas la « noble » en tout cas… Il soupira.
"Lieutenant…"
_Par les couilles de Morr ! Quoi ?

Le caporal se pencha alors pour murmurer derrière sa main quelques mots inintelligibles à son supérieur. Ses traits se crispèrent un instant tandis qu’il serrait les dents puis il sembla faire contre mauvaise fortune bon cœur et se détendit légèrement. Regrets lui jeta un coup d’œil coupable. L’attitude de l’officier, à défaut de son état d’esprit, semble soudain avoir changé radicalement.

"Bien, voila ce que nous allons faire. Vous pouvez garder vos armes, mais je prends les papiers officiels, ils vous seront rendus après quelques vérifications. Nous vous accompagnerons à la Tour jusqu’aux appartements de la délégation pour éviter d’autres méprises de ce genre sur le chemin. En ce moment, on ne sait pas quels individus mal intentionnés pourraient avoir l’idée saugrenue de s’en prendre à deux femmes seules. Oh… Vous semblez savoir vous défendre, ma dame, mais votre suivante pourrait payer le prix fort. A Neven nous n’aimons pas que les gens du commun paient les pots cassés. D’ailleurs, a-t-elle un nom, cette jeune femme ?"

Il semble attendre une réponse ainsi que les bonnes manières le dicteraient…
Pas encore convaincu mais peu enclin à prendre des risques stupides, Garrot préférait louvoyer entre l’intervention musclée et la déférence tout en restant on ne peut plus correct : il fournissait aux estimés diplomates une garde d’honneur pour leurs déplacements en ville. Après tout, même un général ulmédan n’aurait pas été en position de lui donner des ordres… Il fit un signe rapide à ses hommes qui se détendirent légèrement. Vos yeux exercés remarquent tout de même que ces derniers restent vigilants : les arbalètes, par exemple, restent armées…

Puis ce fut dans un grand fracas de bois et de pierre qu’un homme traversa un des mur de l’auberge sous l’œil éberlué des gardes. Une grande silhouette se découpa dans la fumée dégageait par l’éboulement, c’était Kurgän. Le barbare saisit l’homme qui était en train de se relever et lui colla un poing droit dans la mâchoire, ce qui le mit KO une fois pour toute. Le trembleterre se tourna alors vers Tempest et Aldéraban, il n’avait pas aperçu les sang-gris dans toute cette fumée :

« Encore toi ? tu n’est plus avec asaliah ? ou est-il ? »

Quelques chose détourna l’attention de Kurgän un cours instant, une bande de poivrot affolés venaient de s’engouffrer en hurlant dans la ruelle par le trou béant que le barbare avait fait dans le mur.

« Les sang-gris ! on s’casse ! »

« laisse moi passé ! »

« nan dégage ! »

« Moi d’abord ! »

Kurgän se retourna et vit avec horreur plusieurs hommes tenant des arbalètes en joue sur lui et les autres. Son sang ne fit qu’un tour et il rejoignit les fuyards en espérant ne pas être blessé car il savait pertinemment que un carreau d’arbalète, surtout à cette distance, serait redoutable.

[Post pourri, désolé pas d'inspi.]

Tempest restait comme un mur de glace fasse aux insultes du garde. Les gens d'une faible condition avait souvent tendance à insulter les gens au sang bleu quand il se croyait dans une position de force, surtout s'il s'agissait d'hommes. Pour la vraie personne derrière le masque, ces diables de peu de foi, ces inconauclastes armés, ne parviendraient jamais à sa cheville même si elle n'était qu'une noble déchue à l'image de sa mère Lethalys ou à l'image de son père. Elle possèdait une autre noblesse que celle du sang : Les cadavres qu'elle avait par maintes reprises expédié à Shyggrine en témoignaient dans leur éternelle agonie. Pour le masque de la jeune noble dont elle s'était parée pour l'occasion, c'était pire. Ces hommes, ces 'gardes' comme ils en avaient la prétention, n'étaient que des larves, d'autant plus que ce n'était pas les siens.

La jeune femme n'eut donc pas de mal à imaginer la réaction qu'elle adopterait et qu'elle allait adopter. Malgré tout leur professionnalisme, ces gardes débiles n'avaient pas encore vérouillé toutes les sorties.
Et quand l'orgueil n'éttait plus de mise, il lui fallait adopter son côté plus condescendant pour dissimuler la parade.

- "Cette chère demoiselle n'a pas à vous donner son nom, puisque vous n'aurez jamais à lui parler. Quant à votre charmante proposition d'aucune aurait sans doute accepté avec le sourire aux lêvres... Il est vrai que ce serait tout plein d'orgueil d'un coup pour vous, que de pouvoir vous vanter d'avoir servit d'escorte à une noble de quelconque nation qu'elle soit. Je vous l'accorde que notre compagnie doit vous changez des raclures ivres que vous devriez être en train de ramsser conformément à vos ordres plutôt que vous interressez à des dames qui ne le sont vraissemblablement pas."

Aussi tôt dis et d'un geste à la fois lent et mesuré, elle plia et rangea le papier officiel dans son corsage.

- "Article n°1 du Traité Protocolaire Nevan des Relations entre Provinces Nobles. Les personnes d'une délégation dans les lieux de visites autorisées du pays dans lequel elle se trouve, ne peut pas faire l'objet d'une arrestation, ou d'une violation quelconque de son privilège de liberté. Le pays accueillant s'en porte garant.
Article n°1 tiret 3 de ce même traité. La saisie de documents ou d'objets appartenants à un membre d'une délégation diplomatique ne peut constituer qu'un outrage envers la délégations dont elle est membre, et au travers d'elle de la nation toute entière. Cet acte s'il avait lieu serait sévèrement puni.
Aussi et je vous le dis sans détourd, même si je devine aux allées et venu de votre regard que la perspective ne vous déplait pas, ce qui est dans ce corsage restera hors de portée de vos grandes mains."

Elle s'inclina légèrement, et saisit la main de son amie du moment.

- "Je vais donc vous souhaiter, en mon nom et celui de mon amie, bonne chance pour arrêter vos 'malfaiteurs', et une bonne nuit. Nous ne vous gênons pas plus longtemps." termina t'elle d'un ton presque chantant.

Elle se retourna et entraîna lentement son amie dans la ruelle qui s'ouvrait sur leur flanc droit, plantant les soldats comme des idiots à viser le vide avec leurs arbalètes. Tempest se demanda un instant s'il aurait l'audace de tirer...
La ruelle arrivait à un carrefour. Tempest lâcha la main de sa prétendue servante et se décida pour la droite, avant de commencer à courir. Elle ne s'était même pas demandée si la fille en cuir la suivait. Pour le moment son égo était flatté de la bêtises des gardes. S'ils avaient eut la moindre idée de qui elle était, ils auraient surement tiré tout de suite...

*C'était vraiment trop simple.*

[MJ : C]

Les gardes se regardèrent un instant, incrédules, tant leur surprise était grande de voir le mur de la taverne littéralement exploser dans un nuage de poussière pour laisser place à un géant et un soldat à moitié assommé. Leur étonnement était si grand que le Lieutenant se laissa même aller à soulever un sourcil sévère alors que le mercenaire acheva de mettre KO le sang gris encore sonné par son expérience.
Les autres gardes observèrent la scène non moins surpris tandis que la silhouette énorme de Kürgan était rejointe par la foule des soiffards de l'auberge... Du moins ceux qui avaient rassemblé assez de matière grise pour courir vers la sortie providentielle, mais pas assez pour se souvenir des arbalètes chargées qui les y attendaient.
Les soldats ne s'étaient pas attendus à cela, c'était bien la première fois qu'on leur faisait ce coup ci. Les choses devenaient intéressantes.
Un des hommes du Lieutenant laissa même échapper une rire sec tant la situation lui paraissait cocasse.
Ce n'était pas le cas de Garrot qui s'empressa de brailler à l'attention de ses hommes.

"Par tous les Fléaux, mais choppez les, bande de bouffeurs de rats ! Utilisez vos gourdins au lieu de les regarder avec de grands yeux !"

L'exclamation dut avoir l'effet souhaité car très vite les rires cessèrent et les soldats reprirent leur tâche avec d'autant plus d'efficacité.
Un tir de semonce d'un arbalétrier posté sur les toits des bâtiments proches et quelques coups de matraques réussirent à convaincre la majorité des ivrognes que se faire assommer dans une ruelle était un destin plus enviable que celui de bavure qui ne permettait comme seule perspective d'avenir que l'aller simple vers la fosse commune du quartier de la Souris... Il ne restait donc qu'une poignée de fuyards qui essayaient d'échapper aux Sang Gris, dont le géant avec son marteau.
Il s'agissait d'une cible très spéciale et pas moins de trois gardes s'étaient jetés sur lui pour lui faire plier l'échine. L'un d'eux, suites aux exhortations de son lieutenant, s'agrippait maintenant sur le dos du géant. Un autre était suspendu du mieux qu'il pouvait au bras droit du Trembleterre pour réduire ses mouvements, tandis que le troisième se faisait traîner au sol, accroché tant bien que mal à la taille de Kürgan et ayant perdu pied.
Tout trois ressemblaient à des moustiques posés sur un boeuf. Pourtant il s'agissait de moustiques qui pesaient de plus en plus lourd et il était heureux qu'ils n'aient pas eut l'occasion d'utiliser leurs gourdins à cause de leurs positions inconfortables...

Le Lieutenant suivait les événements de l'autre côté de la rue d'un oeil tout en considérant la pseudo diplomate qui lui faisait face avec une partie de son attention. Il fit un geste pour couper le discours inutile et, pour autant qu'il le sache, complètement hors de propos qu'elle lui servait. Il n'y avait aucun traité d'entente entre les Ulmédans et l'Empire... La paix n'avait même pas été signée de toutes façons. Au mieux y avait-il des échanges informels avec les provinces limitrophes et des contacts commerciaux mutuellement profitables, mais rien de mieux ne pouvait être espéré de ces nobliaux décadents et cruels...
Le manque d'intérêt qu'il manifestait ne découragea pourtant pas la demoiselle qui continua sur sa lancée avant de tenter de s'esquiver. Même un noble idiot n'aurait pas tenté le coup de toutes façons et une telle attitude scellait pour le Lieutenant la culpabilité des deux femmes. Il en regrettait même qu'elle n’ait pas essayé de l'attaquer, juste pour pouvoir lui montrer ce que valait son sang dans l'Empire...
Il claqua des doigts et les deux arbalétriers s'avancèrent.

"Vous savez ce qu'il vous reste à faire."
Ils acquiescèrent et avancèrent au pas de course jusqu'à une position de tir adéquate. Posant le genou à terre ils visèrent soigneusement. Pourtant, au moment où ils tirèrent, un ivrogne, projeté par les mouvements brusques de Kürgan vint heurter l'un des tireurs, modifiant légèrement la trajectoire du carreau. Les traits volèrent et franchirent l'espace les séparant de leurs cibles en une fraction de seconde. L'un d'eux, frôla la hanche de Aldébarane, laissant le sillon sanglant d'une légère égratignure au centre de la déchirure du cuir de la combinaison de la jeune femme.
L'autre carreau, à la trajectoire parfaite, vint se planter dans la chair de l'épaule de Tempest avec un bruit mat où il resta fiché. La force de l'impact manqua de faire trébucher le Capitaine d'un des vaisseaux les plus craints des mers de l'ouest d'Hantvestan. La douleur était vive mais la blessure n'était pas tellement dangereuse : tant que le trait restait planté, l'hémorragie serait mineure et la blessure était nette. Le bras gauche de la jeune femme était pourtant difficilement utilisable tant que la blessure ne serait pas soignée correctement...

Derrière la taverne, le Lieutenant Garrot pesta contre le manque de chance. Les Destinées se mêlaient toujours de ce qui ne les regardait pas. Il secoua la tête et soupira avant de faire signe à Regret d'approcher.

"Tu vas prendre Maillet et Casse-croûte avec toi et suivre les deux donzelles qui viennent de s'échapper, tu comprends ? L'une d'elle au moins est blessée, ça ne devrait pas être bien difficile de la retrouver. Je veux savoir qui elles sont pour qui elles travaillent, ce qu'elles font là et tout le tralala... Essaie de ne pas te faire repérer, on ne les a pas laissées partir pour que tu fouttes tout en l'air, des documents de cette qualité, c'est un gros coup. Allez, du vent."

Il se retourna vers la bataille d'ivrognes qui continuait un peu plus loin, il se serait bien passé de ce genre d'événements.

"Mais enfin ! Aidez les un peu ! Vous voyez bien qu’ils n'y arriveront pas tous seuls !"

Et pourquoi diable avait-il fallu qu'elles rendent tout si compliqué ?! Un simple contrôle et tout aurait été fini, il aurait pu rentrer tranquillement. Au lieu de ça, on lui pourrissait sa soirée. En pensant au rapport qui serait nécessaire, il en avait déjà mal au crâne. Derrière lui, Kaput rigolait en regardant ses collègues mis en difficulté par le géant....
Sans se retourner, Garrot demanda :
"Alors ? Qu'est-ce que tu attends pour y aller aussi ?"

Les rires s'arrêtèrent aussitôt. Garrot s'accorda son premier sourire sincère de la journée.